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peu difficile. Il y fait passer son armée. Les Lacédémoniens se saisissent du passage des Thermopyles, où le nombre ne pouvoit donner de l’avantage qu’à la longue. Les Lacédémoniens sont extermi5 nés ; le reste des troupes grecques est battu et se retire. Xerxès passe, conquiert presque toute la Grèce. Tous ses avantages s’évanouissent par la bataille qu’il perd sur mer, où il y avoit peu d’inégalité. Il fallut mourir de faim, n’étant plus

1o maître de la mer. Il se retire avec la plus grande partie de son armée et laisse Mardonius pour conserver ses conquêtes. Le combat se donne. Il est disputé. Les Perses sonts défaits et sont chassés de la Grèce.

15 Voilà, aux déclamations près, ce qui résulte des histoires grecques, ce qui fait une guerre semblable à mille autres ; de laquelle on peut seulement conclure qu’une puissance maritime ne se détruit guère que par un autre puissance maritime supé

2o rieure, et que c’est une grande témérité d’exposer contre elle une armée de terre, si l’on n’est pas maître absolu de la mer.

Quant à l’histoire d’Alexandre, quoique la conquête soit vraye, il n’y a point d’homme de bon sens qui ne

25 la voye, dans presque toutes les circonstances, grossièrement fausse.

Des gens qui avoient la fureur de faire imiter à leur prince Hercule et Bacchus imaginoient des aventures qui y cadrassent. Mais le monde du

3o temps d’Alexandre n’étoit pas fait comme du temps d’Hercule.