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tous les secours ; il les trouve dans son génie. Ces secours, tant attendus, arrivent enfin ; ils sont détruits ; Annibal reste ferme avec sa vieille armée. Après la paix, Annibal se sauve de Carthage ; il 5 trouve partout les Romains, et les Romains trouvent partout Annibal. Il va, de cour en cour, animer des princes lâches, et il semble que sa présence seule (quelques conseils qu’il leur donne) augmente leur puissance et les rende formidables.

1o 1505 (7o5. I, p. 478). — Si Annibal fût mort d’abord après la bataille de Cannes, qui est-ce qui n’eût pas dit que, sans sa mort, Rome eût été perdue ? Il y a souvent dans les États une force inconnue.

15 1506* (1567. II, f°453). — Il arriva à Annibal ce qui arrive toujours lorsque les guerres sont trop longues : les deux partis s’aguerrissent ; la guerre se termine toujours en faveur de celui qui a les plus véritables forces et plus de constance.

2o 1507 (49.I, p. 54). — Annibal, par une trop longue guerre, aguerrit les Romains. Il se pressa trop d’attaquer Sagonte ; il falloit auparavant confirmer sa puissance en Espagne. Rome, qui avoit seule une guerre continuelle,

23 vainquit toutes les républiques, les unes après les autres. Elle vainquit ensuite les roix par le moyen des roix : Philippe, avec le secours d’Aftale, et Antiochus, avec le secours d’Attale et de Philippe.