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2° Ils avoient des voisins peu affectionnés, et qui les abandonnoient lorsqu’ils pouvoient le faire sans péril ; et, pour lors, les ennemis du dehors et du dedans joints ensemble les mettoient à deux doigts de leur perte. 5

3° Leurs imprudences continuelles : ils envoyent la moitié d’une armée en exil ; ils punissent leurs généraux de leurs malheurs, de manière qu’ils songeoient plus à se défendre contre les citoyens que contre les ennemis. 1o

4° Leurs divisions funestes.

5° La mauvaise administration.

6° La fureur des conquêtes lointaines : Carthage songe à conquérir la Sicile, l’Italie et la Sardaigne, pendant qu’elle paye un tribut aux Africains. 15

Aussi tous ceux qui débarquèrent en Afrique les (sic) mirent-ils au désespoir : Agathocle, Regulus et Scipion.

Chaleur africaine. Domination pesante. Carthaginois hais comme étrangers. 2o

1504* (1504. II, f° 226). — Annibal. — Il imagina, entreprit avec hardiesse ; un esprit juste, maisétendu ; réglé, mais fécond ; prudent, mais hardi ; son ascendant fut égal sur l’esprit et sur le cœur.

Qu’on se figure un général hollandois qui mène, 25 à cinq ou six cents lieues de chez lui, des Suisses et des Allemands pendant vingt ans, et sans qu’il leur vînt dans l’esprit de se plaindre. Annibal fit la seule bonne armée que Carthage ait eue pendant toute la guerre. La jalousie d’une faction contraire lui ôte 3o