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de vaincre. Il s’indignoit des coups qu’il recevoit, tel qu’un lion qui regarde ses blessures. Toujours présent ou prêt à reparoître, jamais vaincu que sur le point de vaincre, construisant sans cesse une nouvelle puissance, il alloit chercher des nations 5 pour les mener combattre encore ; il les faisoit sortir de leurs déserts et leur montroit les Romains. Il mourut en roi, trahi par une armée effrayée de la grandeur de ses desseins et des périls qu’il avoit conçus. 1o

1. Mis à peu près dans les Romains.

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1494 (604. I, f° 448). — Tigrane, roi d’Arménie, également foible et présomptueux. Il se faisoit servir par des roix, parce qu’il n’étoit pas seulement un homme. Il entreprit la guerre contre les Romains, et il n’eut pas seulement l’esprit de douter qu’il ô pût ne pas vaincre. Il faisoit mourir tous ceux qui venoient lui dire que les Romains osoient avancer. Un seul jour — que dis-je ? — un moment l’abattit, et son découragement acheva de l’anéantir.

1495(295.I, p. 314). — J’ai trouvé dans Chardin 2o ce développement : la singularité du détrônement du dernier roi de Perse, qui, assiégé dans Ispahan par Mir-Mahmoud, sortit de son palais, fit à pied une espèce de procession dans les rues d’Ispahan, en habit de deuil, et ensuite alla au camp de Mah-z3 moud, lui mit la couronne sur la tête, et lui céda le royaume à condition qu’il lui sauvât la vie et épargnât ses femmes. C’est que les Perses croyent que le dernier iman reviendra ; que, pour lors, le