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1479(789.I, p. 510). — Il y a dans l’Europe une espèce de balancement entre les peuples du Nord et ceux du Midi. Ceux-là, avec une abondance de toutes choses, qui les met en état de se passer de tout, de vivre de chez eux et de n’avoir que peu de b besoins, auroient trop d’avantages sur les autres, si le climat et la Nature ne leur donnoit (sic) une paresse qui les égalise ; tandis que. les autres ne peuvent jouir des commodités de la vie que par leur travail et industrie, que la Nature semble ne leur 1o avoir donnés que pour égaliser leur condition et leur fortune : sans quoi, elles ne pourroient subsister que comme barbares. Chacune partie est défendue par son climat autant que par ses forces.

1480* (187.I, p. 187). — Remarquez qu’après les ô guerres civiles les plus funestes des États, ils deviennent tout à coup dans le plus haut degré de puissance ’.

Nous l’avons vu trois (sic) fois en France : sous Charles VIIe, sous Henri IVe, Louis XIII et Louis XIV ; 2o nous l’avons vu en Angleterre, sous Cromwell et sous Henri VIII ; à Rome, après les guerres de Sylla et celles du parti de César. C’est que, dans la guerre civile, tout le peuple s’aguerrit, et, lorsque, par une paix, les arts recommencent à refleurir et 25 que les forces sont réunies, l’État a un avantage très grand sur celui qui n’a que des bourgeois2.

1. Voyez page 394. — J’ai mis cela dans mes Considérations sur l’Espagne.

2. Mis cela sur les Romains, jusqu’à la raye.