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sans perdre, cependant, qu’une petite partie d’un petit pays qu’on attaquoit. Louis XIV, dans la dernière guerre, accablé des plus cruelles playes qu’un prince peut recevoir : Hochstaedt, Turin, Ramillies, Barcelone, Oudenarde, Lille, soutenir la 5 supériorité continuelle et les foudres des ennemis, sans avoir presque rien perdu de sa grandeur. C’est ce qui ne se trouve point chez les Anciens, et il n’y a rien de comparable à cela chez eux que la guerre du Péloponèse ; encore ne dura-t-elle ainsi que parce 1o que la victoire fut très longtemps partagée, et, dès qu’elle se détermina contre un parti, il fut soudain anéanti.

Les villes d’Asie pouvoient être plus grandes, primo, parce qu’il faut beaucoup moins de choses 15 pour la subsistance des Asiatiques que pour celle des Européens : car ce qui peut empêcher l’accroissement des villes, c’est la nécessité d’y faire subsister un peuple ; ce sont les mortalités, les pestes, etc. ; c’est la difficulté des communications, la cherté 2o presque inévitable par les transports d’un quartier à un autre.

Je trouve qu’il y a plus de merveille au roi de France d’avoir deux cents places bien fortifiées sur les frontières de ses états, et d’y en avoir trois 25 rangs, qu’il n’y en avoit au roi de Babylone d’en avoir une au centre, dans laquelle il avoit employé toute sa puissance.

1471 (419.I, p. 379). — Remarquez que tous les pays qui ont été beaucoup habités sont très mal- 3o