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à l’invention du fer ou, au moins, des matières équivalentes. Voilà pourquoi ceux qui tuoient des monstres étoient des héros. Les hommes, occupés contre les bêtes farouches, ne songeoient point à s’attaquer. Ils étoient trop timides et trop peu nombreux. 5

1467 (1336. II, f° 186 v°).—Je ne suis pas étonné des anciennes histoires où vous voyez des hommes recommandables pour avoir tué des monstres qui ravageoint les campagnes. Cela a dû être dans des pays peu habités, comme dans ces temps-là, où il 1o pouvoit entrer par des rivières et se conserver dans les pays des crocodiles, qu’on nommoit des dragons, qui faisoient ces sortes de ravages. Voyez les Relations de Thomas Gage (tome II, partie 1v, chapitre 4) : comment, en passant près d’un lac, ils 15 furent poursuivis par un caïman ou crocodile, qui alloit aussi vite que leurs chevaux. Les hommes et les bêtes cherchent à s’entredétruire et se disputent

la terre. Ces pays-ci sont trop peuplés pour qu’on y laisse prendre un établissement à des caïmans ; 2o nos rivières ne sont pas d’une largeur assez grande ; on les auroit aussitôt détruits. Et il ne faut pas douter que, si les François ou les Anglois habitoient l’Égypte, ils n’eussent bientôt trouvé le moyen de la purger des crocodiles. Les requiens (sic) sont une 25 autre espèce d’animal (me semble).

1468 (994. II, f° 29 v°). — On se trompe beaucoup sur la grandeur et la puissance des anciens états, parce que l’on en juge souvent par les idées que la