Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/213

Cette page n’a pas encore été corrigée

nous voyons dans les parties du Monde suppose une destruction dans le tout. Mais, dès que le mouvement subsiste, il ne peut pas y avoir de destruction totale, chaque chose s’arrangeant à mesure que l’autre se dérange. Un tourbillon, par exemple, ne pouvant 5 être détruit qu’il n’en agrandisse ou en forme un autre ; une planète, mise en pièces, qu’elle n’en forme d’autres petites ou ne se range plus près ou plus loin de son soleil.

La plupart des raisonnements des Anciens ne sont 1o pas exacts ; ce qui vient de ce qu’ils n’avoient pas les idées que les découvertes de nos jours ont données du Monde. Ils ne faisoient presque attention qu’à la vaste étendue de la Terre, qu’ils considéroient presque seule comme le Monde, et ils concevoient 15 facilement qu’elle pouvoit périr. Et voici comment ils raisonnoient, et avec raison ; surtout Lucrèce et les Épicuriens, qui croyoient que les astres n’avoient que leur grandeur apparente. «Si vous avouez, disoientils, que les peuples ont péri, que des grandes villes 2o ont été détruites, que des neuves se sont formés et ont couvert les campagnes, il faut que vous avouiez aussi qu’il est très facile que la Terre et le Ciel se dissolvent, si les causes devenoient plus grandes. »

Quod si forte fuisse antehac eadem omnia creais, 25 Sed periisse hominum torrenti sœcla vapore, Aut cecidisse urbeis magno vexa.mine Mundi, Aut ex imbribus assiduis exisse rapaceis Per terras amneis, atque oppida cooperuisse : Tanto quippe magis victus fateare necesse est, 3o