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qui a établi des règles de discrétion. Les violer, c’est une offense. On a appris par là aux princes d’être offensés de ce qu’on disoit d’eux. Autrefois, ils ne s’en soucioient pas ; on disoit donc la vérité. 5

1. Voyez ce qui est dit dans l’extrait de l’Académie des BellesLettres, sur les ouvrages de Frédégaire.

t. 11. 25

1456* (1525. II, f» 231 v°).— C’est un problème si l’imprimerie a servi, ou non, à la vérité de l’histoire.

Autrefois, les auteurs de partis déguisoient la vérité plus hardiment : leurs ouvrages étoient peu 1o répandus et n’étoient guère lus que de quelques gens de leurs sectes ; ils craignoient donc moins de dire des choses absurdes, ils chargeoient plus les caractères, et ils crioient plus fort, parce qu’ils étoient moins entendus. 15

D’un autre côté, les princes ont fait de cet art le principal objet de leur police ; les censeurs qu’ils ont établis dirigent toutes les plumes.

Autrefois, on pouvoit dire la vérité, et on ne la disoit pas ; aujourd’hui, on voudroit la dire, et 2o on ne le peut pas.

II. CHRONOLOGIE.

1457* (67.I, p. 64). — S’il n’y avoit point de temps avant la Création, il s’ensuivroit nécessairement que le Monde seroit aussi ancien que Dieu et lui seroit 25 coéternel.