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pour la galanterie, bien inventées pour le goût de la Nation : on y a l’air du mystère, sans en avoir les désavantages, qui est la mortification de la vanité.

1403 (1357. II, f° 195 V). — Ce qui fait que, de nos jours, il n’y a plus de dévotions, confrairies, 5 assemblées d’églises, sermons, c’est que la galanterie n’en a plus de besoin : on voit les femmes partout.

1404* (1439. II, f° 208 v°). — Il y a parmi nous peu de sots qui soyent en même temps stupides : la sot- 1o tise s’y trouve si près de l’esprit.

C’est ce qui produit parmi nous un prodigieux nombre de lecteurs. Dans les autres pays, ceux qui ont de l’esprit savent qu’ils en ont, et ceux qui n’en ont point le savent aussi. Dans ces pays, bien des 0 gens seroient propres à amuser les autres ; à peine se jugent-ils capables d’être amusés eux-mêmes. Quelque ouvrage agréable qu’on leur présente, ils ne daigneront pas seulement le lire.

Je dis ici la véritable raison qui a fait que j’ai eu 2o toute ma vie une estime particulière pour nos petitsmaîtres. Je ne parle pas ici en homme d’État : car, quoiqu’ils soutiennent les principales branches de notre commerce, fondé sur le changement continuel de modes et d’habits, ils rendent service à leur patrie 23 sans en exiger la moindre reconnoissance.

De toutes les nations connues, il n’y en a point de moins pédante que la nôtre, et l’on n’a que faire de tant crier contre les gens du bel-air.