Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/169

Cette page n’a pas encore été corrigée


1295 (455. I, p. 392).— Nous, hommes privés, sommes étonnés de l’ardeur avec laquelle les ministres cherchent les affaires, et les grands, la Cour : nous ne savons pas les douceurs qu’ils y goûtent.— (Cher.) 5

1296(718.I, p. 482). — Je ne suis pas étonné des douceurs qu’on trouve à la Cour et de l’impossibilité de changer de vie. On est plus ensemble à tous les moments. Cent petites choses qui vous amusent ou vous attachent, et qui entrent dans le petit plan 1o d’ambition que vous vous êtes fait ; d’ailleurs, plus de part à cette loterie qui se fait des grâces du Prince sur la Nation ; le plaisir de voir que, quelque petit poste qu’on y tienne, il est envié ; enfin, cette vie active ne sauroit se remplacer par le repos. 15

1297* (159.I, p. 136). — Un prince, au milieu d’un cercle de courtisans, devient courtisan lui-même sitôt qu’un autre prince plus considérable que lui paroît ; le deuxième aura la destinée du premier si un troisième, plus grand, survient. Les adorateurs 1o changent l’objet de leur culte. Si le Roi paroît, il absorbera tous les honneurs : les courtisans oublieront ceux qu’ils viennent de rendre, et les princes, l’adoration qu’ils ont reçue.

Les femmes qui y (sic) changent d’habits quatre 35 fois par jour ressemblent à ces comédiennes qui, après avoir joué le rôle d’impératrice dans une pièce, courent se déshabiller pour faire celui de soubrette dans une seconde.