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(sic) lui-même, non pas à cause des utilités qu’il en retire. Cela s’appelle appetere malum quamalum.

1117 (2089. III, f° 345 v°). — Je disois à un avare : « Vous faîtes bien d’amasser de l’argent pendant

• votre vie : on ne sait ce qui arrivera après la mort. »

1118 (1200. II, f° 92). — L’Avarice. — Elle est si sotte qu’elle ne sait pas même compter.

1119 (659.I, p. 460). — Avarice. — Souvent il y a des avares qui ne se soucient pas de dépenser en

1o gros. Il n’y a que la dépense en détail qui les fatigue. C’est qu’ils font un ouvrage qui les occupe : de faire une grosse somme avec des petites. Je les compare à cette folie des soldats d’Antoine (dans l’expédition des Parthes) qui mangèrent une herbe dont l’effet

13 étoit de leur faire amasser en un monceau toutes les pierres ; après quoi, ils ne s’en soucioient pas.

1120(552. I, f°436). — Dans les villes de commerce, comme les villes impériales et celles de Hollande, on est accoutumé de mettre un prix à tout ; on 2o met à ferme toutes ses actions ; on trafique des vertus morales ; et, les choses que l’humanité demande, on les vend pour de l’argent1.

1121 (5g3.I, f° 446). — Je disois : « II n’y a pas de petites sommes pour l’avarice. Le duc de Marlborough

1. Voyez le passage d’Ammien Marcellin.