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avec nous : un François aime mieux être estimé en Allemagne qu’au Japon, en France qu’en Allemagne ; et, comme rien ne nous touche de plus près que les personnes que nous aimons, aussi sont-ce celles dont nous souhaitons davantage d’être aimés1.

1. -J’ai mis quelque chose d’approchant dans le chapitre x1v du livre des Loix, sur la Servitude domestique.

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1088(757. I, p. 496). — La jalousie me semble nécessaire dans les pays chauds ; la liberté, dans les climats froids : en voici une raison physique2.

Il est certain que les femmes sont nubiles dans les climats chauds à huit, dix, douze ans, et sont d’abord vieilles : c’est-à-dire que l’enfance et le mariage sont presque toujours ensemble. Or, comme c’est la raison qui donne l’empire, et qu’elle ne se trouve presque jamais avec les agréments, qui donnent un empire plus fort, il faut bien que les femmes soyent soumises. Or, la raison ne peut leur faire regagner dans leur v1eillesse le pouvoir qu’elles ont perdu lorsqu’elles avoient des charmes et de la beauté. Enfin, dans les pays chauds, les femmes ne sont raisonnables que quand elles sont vieilles, et elles ne sont belles que pendant qu’elles ne sont pas raisonnables. Elles n’ont donc jamais pu prendre un certain ascendant sur les hommes, et leur prompte vieillesse a dû nécessairement introduire la polygam1e. :

Dans les pays froids, les femmes se marient dans l’âge où leur raison est la plus forte, et leurs agréments se conservent mieux ; de façon que la

1. Voyez page 496 et à la page 489.

2. Mis dans les Loix.