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en Hollande, soutint que l’Angleterre n’étoit pas plus grande que la Guyenne. Les Anglois étaient indignés. Je laissai là mon envoyé, et je le combattis comme les autres. Le soir, la Reine me dit: «Je sais que vous nous avez défendus contre votre M. La- 5 baune. — Madame, je n’ai jamais pu imaginer qu’un pays où vous régnez ne fût pas un grand pays ». »

7 (1oo5. II, f° 3i v°). — Je n’ai jamais aimé à jouir du ridicule des autres.

J’ai été peu difficile sur l’esprit des autres; j’étois 10 ami de presque tous les esprits et ennemi de presque tous les cœurs.

La timidité a été le fléau de toute ma vie; elle semblait obscurcir jusqu’à mes organes, lier ma langue, mettre un nuage sur mes pensées, déranger i5 mes expressions. J’étois moins sujet à ces abattements devant des gens d’esprit que devant des sots. C’est que j’espérois qu’ils m’entendroient; cela me donnoit de la confiance2.

8 (1o19. II, f° 3g). — Je ne sais pas avoir encore 20 dépensé quatre louis par air, ni fait une visite par intérêt. Dans ce que j’entreprenois, je n’employois que la prudence commune et agissois moins pour ne pas manquer les affaires, que pour ne pas manquer aux affaires3. 25

1. Voyez le Ier volume de mes Pensées, page 22o, et celui-ci, page 27 et page 39.

2. Voyez page 27 de ce volume et page 22o de l’autre.

3. Voyez le I" volume, page 22o; celui-ci page 27 et page 31.