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affligés de certaines maladies, parce que, sans cela, les hommes n’y auroient pas pu subsister, il faut faire attention que l’on raisonne a priori, quoique peut-être on feroit mieux de les rapporter simple5 ment aux différentes combinaisons. Il y a de certains lieux sur la Terre inhabitables; d’autres qui sont habitables sans aucun inconvénient; d’autres, enfin, qui ne seroient pas habitables, à cause de certains inconvénients, s’il ne s’y étoit pas rencontré des

10 remèdes à ces inconvénients. Ainsi, il n’est pas (je crois) vrai que, par une providence particulière, les remèdes ayent été établis dans de certains lieux pour les rendre habitables; mais il faut dire que, les remèdes s’y étant trouvés, les lieux ont été rendus

iS habitables.

731 (2o91. III, f° 346 v°). — Maladies. — Il est certain que l’air de la mer, chargé de parties salines, doit crisper les fibres, augmenter leur ressort, et diminuer dans les vaisseaux la faculté qu’ils ont de

20 céder au trop grand mouvement des liqueurs. Or, lorsque l’on arrive par mer dans des climats extrêmement chauds, où le sang, en arrivant, se raréfie beaucoup, les fibres roides des vaisseaux ne peuvent plus se prêter. Voilà pourquoi La Martinique, et

2? Saint-Domingue, et les autres îles de ces parages, sont si fatales aux étrangers, et qu’ils y tombent d’abord dans des fièvres causées par une extrême raréfaction du sang, qui ne peut être guérie que par des saignées étonnantes. Cela se prouve par ces

3o circonstances. On n’a plus la maladie quand on l’a