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médecins ont abandonnés, parce qu’ils sont violents. Ils ont une réputation à conserver; il faut donc qu’ils se servent de remèdes généraux, et dont l’effet, s’il se tourne mal, ne soit pas prompt. Or un remède qui ne tue pas promptement ne guérit pas 5 non plus promptement. Les charlatans se saisis, sent de tous ces remèdes: telles sont certaines préparations d’antimoine, qui font des cures quelquefois miraculeuses. Ils n’ont point une réputation à conserver, mais à établir. Or cette manière établit 10 bien une réputation, mais ne la conserve pas. Voilà pourquoi tous les remèdes des charlatans tombent à la longue. Le Peuple aime les charlatans, parce qu’il aime le merveilleux, et que les guérisons promptes tiennent de ce merveilleux. Si l’empirique i5 et le médecin ont traité le malade, le Peuple absout de sa mort l’empirique, qu’il aime, et en accuse le médecin. Il arrive quelquefois qu’un remède guérit une maladie et en donne une autre; la médecine le proscrit, et la charlatanerie s’en saisit : ainsi elle »o guérit la goutte en perdant le sang. Enfin, on croit que, lorsqu’un médecin traite une maladie longue, c’est la Nature qui guérit; mais, pour un empirique, on croit que c’est l’art.

729 (2113. III, f° 349 v°). — Ce n’est pas les méde-" cins qui nous manquent, c’est la médecine.

730* (138. I, p. 124).— Quand on dit que la Nature est si prévoyante qu’elle fait toujours trouver des remèdes particuliers dans les lieux qui sont