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comment, y ayant un million de vers, deux trompes et deux ovaires, les enfants ne naissent pas ordinairement gémeaux : il faut donc qu’il n’y ait jamais, dans chaque femelle, qu’un œuf propre à être rendu b fécond1.

Il est bien difficile de dire pourquoi les mulets n’engendrent point, et pourquoi une jument qui a conçu d’un baudet ne peut plus concevoir d’un cheval2.

10 703* (1o2.I, p.94).—• Ces animaux que nous appelons fabuleux, parce que nous ne les trouvons plus sur la Terre, quoiqu’ils ayent été exactement décrits par les anciens auteurs, ne pourroient-ils pas avoir existé et leur espèce s’être perdue ? Car je suis per

i5 suadé que les espèces changent et varient extraordinairement, qu’il s’en perd et s’en forme de nouvelles. La Terre change si fort tous les jours qu’elle donnera sans cesse de l’emploi aux physiciens et observateurs3. Que dis-je? Elle les déshonorera

20 toujours. Pline et tous les anciens physiciens seront convaincus d’imposture, quelque vrais qu’ils fussent de leur temps. Il n’y a personne qui, voyant aujourd’hui le ruisseau du Jourdain, ne regarde comme une expression emphatique tout ce qu’en ont dit

25 les écrivains sacrés. Une fontaine a aujourd’hui une propriété; il est impossible que, dans le mouvement

1. Il y a, Journal des Sçavants(zi mars 169o), plusieurs choses curieuses sur ces matières.

2. La comtesse Borromée a eu une mule qui a engendré.

3. Idem, les maladies, aux médecins.