Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/507

Cette page n’a pas encore été corrigée


Je ne dirai rien pour défendre cet écrit : je ne suis point passionné pour les opinions, excepté celles qui sont dans les livres d’Euclide. Je ne suis pas plus porté à me battre pour mon ouvrage que pour celui de tout autre. Si ce que je dis est vrai, 5 il appartient à tout le monde : car la vérité est le bien de tous. S’il est faux, je ne veux pas le défendre. D’ailleurs, ou l’objection sera bonne, et, dans ce cas, je n’y veux pas répondre; ou elle sera mauvaise, et celui qui l’aura faite, étant homme 10 d’esprit, trouvera lui-même la réponse.

690* (76. I, p. 67). — On peut dire que tout est animé, tout organisé. Le moindre brin d’herbe fait voir des millions de cerveaux. Tout meurt et renaît sans cesse. Tant d’animaux qui n’ont été reconnus i5 que par hasard doivent bien en faire soupçonner d’autres. La matière qui a eu un mouvement général, par lequel s’est formé l’ordre des cieux, doit avoir des mouvements particuliers qui la portent à l’organisation. 20

L’organisation, soit dans les plantes, soit dans les animaux, ne peut guère être autre chose que le mouvement des liqueurs dans les tuyaux. Des liqueurs circulantes peuvent facilement former d’autres tuyaux, ou en allonger d’autres. C’est par »5 là que les arbres viennent de bouture. Ils ne viennent de graine que par l’analogie de la bouture : la graine n’étant qu’une partie du bois1.

1. Laissant la pensée à l’homme, il est difficile de refuser le sentiment à tout ce qui existe.