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n’a intérêt qu’elles soyent fausses; et, quand on y a eu intérêt, c’est-à-dire quand quelqu’un a voulu, en en doutant, se faire chef de parti et entraîner, en les renversant, toutes les autres vérités, on en a douté: témoin Pyrrhon.

678* (765. I, p. 5oi).—Je n’estime pas plus un homme qui s’est appliqué à une science, que celui qui s’est appliqué à une autre, si tous deux y ont apporté également de l’esprit et du bon sens. Toutes les sciences sont bonnes et s’aident les unes les autres. Je ne sache que le maître à danser et le maître d’armes de Molière qui disputent sur la dignité et la préférence de leur art.

Je dis tout ceci contre les géomètres.

Ce qui me choque de la géométrie et m’en dérobe la sublimité, c’est que c’est une affaire de famille, et que les géomètres viennent de père en fils. Combien avons-nous vu de Bernoullis?

679 (1o22. II, f° 39). — Je disois: « La Nature a donné la quadrature aux mauvais géomètres pour faire les délices de leur vie. »

680* (136. I, p. 121). — On a dit qu’un corps ne peut perdre entièrement son mouvement, puisque, le partageant toujours, il en reste toujours pour lui, et je trouve cela bien raisonnable : car un corps qui en rencontre un autre lui communique son mouve ment, comme s’il ne faisoit qu’un même corps. Il en garde donc toujours à proportion de sa masse.