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parce qu’elle attaque l’existence d’un être dont le nom est écrit partout

Mais, quant aux autres hypothèses, qui regardent les attributs particuliers de cet être, on peut pren5 dre celle qu’on voudra, et même, si l’on veut, on peut, comme Cicéron, les embrasser et les combattre tour à tour : car la raison ne nous dit point si cet être a un corps, ou s’il n’en a pas ; s’il a toutes les perfections ; s’il est infini. Tout ce que nous

io savons, c’est qu’il nous a créés. Le roi Hiéron ayant demandé à Simonide ce que c’étoit que Dieu, ce philosophe le pria de lui donner un jour pour y penser. Le jour passé, le Roi lui ayant fait une pareille question, le philosophe lui en demanda

i5 deux. Cette idée même, si chère au père Malebranche, l’idée de l’Infini, nous ne l’avons point, quoique ce philosophe en ait fait le fondement de son système. Mais on peut dire qu’il a bâti en l’air un palais magnifique, qui se dérobe aux yeux, et qui

20 se perd dans les nues.

L’Infini est ce à quoi on ne peut rien ajouter, à la différence de l’Indéfini, auquel on ajoute toujours. Cela supposé, je prends les choses par énumération, et je dis : « On ne peut avoir d’idée d’une durée infi

2.s nie : car la durée qui (sic) n’est autre chose que le temps, soit qu’on le compte par jours, par heures ou par siècles. Il est clair que l’idée d’une chose qui peut

i. Les Payens auroient cru commettre un crime s’ils avoient changé de religion, et plus leurs dispositions étoient chrétiennes, et plus ils devoient rester dans l’idolâtrie. — Voyez Discours sur l’Idolâtrie en général.