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Il ne faut toucher que certains défauts que l’on n’est pas fâché d’avoir, ou qui sont récompensés par de plus grandes vertus.

On doit répandre la raillerie également sur tout 5 le monde, pour faire sentir qu’elle n’est que l’effet de la gayeté où nous sommes, et non d’un dessein formé d’attaquer quelqu’un en particulier.

Il ne faut point faire de raillerie trop longue et qui revienne tous les jours : car on est censé mépri10 ser un homme, de cela seul qu’on lui a donné sur tous les autres la préférence continuelle de recevoir les saillies qui viennent.

Enfin, il faut avoir pour but de faire rire celui qu’on raille, et non pas un tiers. i5 Il ne faut pas se refuser à la plaisanterie : car souvent elle égaye la conversation ; mais aussi il ne faut pas avoir la bassesse de s’y livrer trop et être comme le but où tout le monde tire.

624* (1275. II, f° I3i v°). — La Galanterie. — La 20 bienséance manquée aux femmes a toujours été la marque la plus certaine de la corruption des mœurs.

Il faut avoir bien de l’esprit pour de la galanterie, et pour leur apprêter des conversations qu’elles 25 puissent soutenir.

Les nations qui ont Le plus abusé de ce sexe sont celles qui lui ont le plus épargné la peine de se défendre.

Elles sont exposées à des insultes dont elles ne 3o peuvent se garantir.