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dans leurs conquêtes des Indes, et le Pape, qui leur mit le fer à la main, qui leur donna le sang de tant de nations, les oublia encore davantage.

Je passerois volontiers l’éponge sur toute cette conquête ; je ne saurois soutenir la lecture de ces b histoires teintes de sang. Le récit des plus grandes merveilles y laisse toujours dans l’esprit quelque chose de noir et de triste.

J’aime bien à voir aux Thermopyles, à Platée, à Marathon, quelques Grecs détruire les armées in- 10 nombrables des Perses : ce sont des héros qui s’immolent pour leur patrie, la défendent contre des usurpateurs. Ici, ce sont des brigands, qui conduits par l’avarice, dont ils brûlent, exterminent, pour la satisfaire, un nombre prodigieux de nations pacifi- i5 ques. Les victoires des Espagnols n’élèvent point l’Homme, et ses (sic) défaites des Indiens l’abaissent à faire pitié.

Les Espagnols conquirent les deux empires du Mexique et du Pérou par la même perfidie : ils se 20 font conduire devant les roix comme ambassadeurs et les font prisonniers.

On est indigné de voir Cortez parler sans cesse de son équité et de la (sic) modération, à des peuples contre lesquels il exerce mille barbaries."

Par une extravagance jusqu’alors inouïe, il prend pour sujet de son ambassade de venir abolir la religion dominante. En disant sans cesse qu’il cherche la paix, que prétend-il, qu’une conquête sans résistance ? 3o

Le sort de Montézuma est déplorable : les Espagnols