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dans la guerre, lui nuisit plus qu’il ne le secourut, et, le faisant négocier sans cesse, ne lui donnant que de petits secours, il lui ôta jusqu’aux ressources de la promptitude et du désespoir. La Maison

5 d’Autriche disposoit des états de ceux qu’elle qualifioit de rebelles, et alloit disposer de ceux qui ne l’étoient pas encore. Elle croyoit déjà tenir, par l’Allemagne, le bout de la Monarchie universelle, quand, tout à coup, la France se détermina à abattre

Iû cette monarchie, qui ne soutint que Louis XIII, et qui, sous le règne de Louis XIV, fut confondue dans le nombre de ses ennemis.

On peut dire que le cardinal de Richelieu ressuscita la Religion protestante, qui tendoit à sa destruc

i5 tion, et qu’en frappant sur Madrid et sur Vienne il frappa des mêmes coups sur Rome. Les papes de ces temps-là ne laissoient pas d’être embarrassés entre la Religion et l’Empire. Cette même maison qui avoit porté la Religion catholique partout alloit

20 devenir maîtresse de l’Italie. L’intérêt de l’Église se trouvoit différent de l’intérêt de la Religion ; le Prince n’étoit pas d’accord avec le Pontife. Chaque pape suivoit ou rejetoit les vues de ses prédécesseurs, suivant qu’il avoit plus d’ambition ou plus de

zèle. Ainsi Urbain ne fut pas si entêté des affaires de la Valteline que Grégoire.

Le roi Jacques crut que, par une longue paix, il ôteroit à son peuple ses inquiétudes. Mais si ce peuple est quelquefois indocile envers les roix qu’il