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pitié pour ses malheurs et une certaine confiance que donne à un parti un fils de France opprimé.

Pendant que le Roi attaquoit le duc de Bourbon, le comte de Charolois entra en France. Son armée 5 rencontra celle du Roi à Montlhéri. Le Roi, qui avoit tout à perdre, ne désiroit pas la bataille ; le Comte, qui attendoit le duc de Bretagne, ne la cherchoit pas non plus ; mais elle fut engagée malgré eux. Les deux armées eurent toutes les marques, 10 tous les désavantages d’une défaite. Les fuyards des deux côtés portèrent la consternation partout : les uns disoient que le Roi, d’autres, que le Comte avoit été tué ; celui-ci délibéra de se retirer ; celui-là se retira effectivement, tant il y avoit, dans les deux i5 partis, de défiance de ses forces.

Le Roi gagna vers Paris, résolu, si on lui fermoit les portes, de se retirer en Italie. Il y a apparence qu’il ne seroit jamais rentré dans le royaume, et que le duc de Bourgogne y auroit établi telle forme de 20 gouvernement qu’il lui auroit plu.

Cette retraite donna aux seigneurs l’idée qu’ils avoient remporté la victoire, et cette idée donne (sic) à leur parti cette réputation qui fait la puissance même, toujours fondée sur la manière de penser de >5 ceux qui espèrent, ou qui craignent.

Monsieur étoit un nom, que formoient la voix (sic) des seigneurs opprimés, et, à la tête du Bien public, il sembloit être le bien public même : mais ce nom qui est devenu (je ne sais comment) fatal pour la 3o foiblesse.

Il arriva avec l’armée de Bretagne ; mais sa pré