Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/367

Cette page n’a pas encore été corrigée

le cardinal de Richelieu n’avoit point étudié la philosophie cartésienne ! Et cela prouve plus que l’ouvrage est de lui que de celui qui le publia cinquante [et] quelques années après sa mort, temps auquel la philosophie d’Aristote étoit si décriée. 5 Il faut donc, selon les paroles de M. [de] Voltaire, que le compilateur fût un pédant du (sic) collège. Mais personne ne peut dire que ce soit un pédant de collège qui ait fait cette compilation.

Il s’étonne qu’un ministre se soit déclaré contre la 10 régale. Mais ce ministre étoit ecclésiastique, et, qui plus est, cardinal. Le cardinal de Balue étoit ministre, et il se déclara contre la PragmatiqueSanction, qui étoit bien de tout autre importance que l’honorable, mais vain droit de régale, et qui i5 est de si petite conséquence qu’encore aujourd’hui les Roix ne le tournent point à leur profit.

M. de Voltaire s’étonne que le Cardinal ait donné à un roi qui règnoit depuis trente ans, des instructions si petites : par exemple, il faut qu’un roi ait de »o la piété, etc. Mais ne sent-il pas qu’un ministre qui instruit les Roix est fort porté à leur donner des instructions pour faire ce qu’ils font ? Le cardinal de Richelieu conseille au Roi d’être pieux, parce qu’il l’étoit ; il lui conseille de n’avoir point de maîtresses, 25 parce qu’il n’en avoit point, et, peut-être encore, parce qu’il en avoit lui-même.

11 trouve puéril que le Cardinal dise au Roi qu’un prince doit avoir un conseil. Qui pouvoit mieux dire cela que le Cardinal, qui ne pouvoit avoir oublié sa 3o querelle avec M. de Cinq-Mars, et qui avoit été