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pût faire de la monnoye forte ; ce qui le mettoit en état d’en faire d’abord de foible et de faire de nouveaux gains. Les seigneurs, qui vouloient de la monnoye forte, consentoient aux impôts sur le Peuple, pour qu’on leur fît de la monnoye forte1. 5

XVII. SUR LE «TESTAMENT POLITIQUE» DE RICHELIEU.

594* (1962. III, 1° 262). — Lorsque je lus le Testament politique du cardinal de Richelieu, je le regardai comme un des meilleurs ouvrages que nous 10 eussions en ce genre. Il me sembla que l’âme du Cardinal y étoit tout entière, et, comme on juge qu’un tableau est de Raphaël parce qu’on y trouve le pinceau de ce grand peintre, je jugeai de même que le Testament politique étoit du cardinal de n Richelieu parce que j’y trouvois toujours l’esprit du cardinal de Richelieu, et que je le voyois penser comme’je l’avois vu agir. Je m’imaginai que le Cardinal étoit du nombre de ces gens très heureux dont parle un auteur romain, qui ont reçu ces deux 20 dons du Ciel : de faire des choses mémorables et de les écrire. Je pensai que le Testament du cardinal de Richelieu étoit un ouvrage original, qui, comme il arrive toujours, avoit fait faire de mauvaises copies, et que l’applaudissement avec lequel il avoit 25

i. J’ai cité Budé dans le Spicilège, ou il reproche à notre nation sa continuelle inattention.