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qu’avant que Paris n’eût enlevé Hélène la Grèce s’étoit déjà engagée par serment de faire la guerre à celui qui oseroit l’enlever.

587*(16o5. II, 459 v°). — On étoit autrefois philosophe à bon marché : il y avoit si peu de vérités 5 connues ; on raisonnoit sur des choses si vagues et si générales.

Tout rouloit sur trois ou quatre questions :

Quel étoit le souverain bien.

Quel étoit le principe des choses : ou le feu, ou Iq l’eau, ou les nombres.

Si l’âme étoit immortelle.

Si les Dieux gouvernoient l’Univers.

Celui qui s’étoit déterminé sur quelqu’une de ces questions étoit d’abord philosophe, pour peu qu’il i5 eût de barbe.

588* (16o6. II, f° 459 v°). — Le Monde n’a plus cet air riant qu’il avoit du temps des Grecs et des Romains. La Religion étoit douce et toujours d’accord avec la Nature. Une grande gayeté dans le 20 culte étoit jointe à une indépendance entière dans le dogme.

Les jeux, les danses, les fêtes, les théâtres, tout ce qui peut émouvoir, tout ce qui fait sentir, étoit du culte religieux. 25

Si la philosophie payenne vouloit affliger l’Homme par la vue de ses misères, la théologie étoit bien plus consolante. Tout le monde entroit en foule dans cette école des passions. En vain, les philosophes