Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée


Les éclipses des astres ont été une source de connoissances, et ce que les hommes croyoient ne s’être passé dans le Ciel que pour les intimider n’y paroissoit que pour les conduire.

349*(17i4. III, f°43 v°). — Ce furent les conquêtes 5 d’Alexandre qui firent connoître l’Orient à l’Occident ; ce furent les guerres des Carthaginois et des Romains qui firent connoître l’Occident à lui-même. Le passage d’Annibal par les Pyrénées, la Gaule, les Alpes, portoit avec lui un étonnement qui mar- 10 que la nouveauté de l’entreprise. ll est bien vrai que les Gaulois avoient passé les Alpes avant Annibal ; mais cela ne montre pas moins le peu de communication, puisque, ces montagnes une fois passées, on ne se communiqua plus. ,5

Tout ce qu’Homère nous raconte des dangers de la navigation d’Ulysse: des Circés, des Lestrigons, des Cyclopes, des Sirènes, de Charybde et de Scylla, étoient des fables répandues dans le Monde et établies par des navigateurs qui, faisant le a0 commerce d’économie, vouloient dégoûter les autres peuples de le faire après eux.

350* (1745. III, f°57v°). — Il y a une chose singulière. On avoit fait autrefois le tour de l’Afrique. Cependant, cette navigation fut oubliée au point z5 que, du temps de Ptolémée, le géographe1, qui vivoit en Egypte, on ne connoissoit qu’une petite

i. Livre IV, chapitre VII, et livre VIII, tab. iv de l’Afrique.