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lieu d’affoiblir les peuples vaincus, ils avoient affoibli l’empire.

Je crois que ce qui fit prendre aux Goths et aux Vandales ce mauvais parti, c’est que, sortant d’un pays où l’on ne connoissoit point les forteresses, ils 5 regardèrent celles qu’ils trouvèrent dans leurs conquêtes comme des moyens d’échapper à leur violence, non comme des moyens propres à arrêter les étrangers.

276* (1902. III, f° 136). — Conquêtes. — Les con- 10 quêtes ôtent naturellement la faculté de conquérir. Je regarde un conquérant comme un jeune homme ardent dans un sérail, qui fait tous les jours de nouvelles acquisitions aux dépens des premières, jusqu’à ce qu’elles lui deviennent toutes inutiles. i5

277* (1731. III, f° 50). — On a loué la valeur qu’Alexandre fit paroître dans sa conquête des Indes. Je voudrois plutôt qu’on louât sa conduite: comment il enchaîna les Indes avec la Perse, avec la Grèce ; comment il poursuivit les meur- 20 triers de Darius jusque dans la Bactriane et les Indes mêmes ; comment il eut l’adresse de commencer par soumettre le pays qui étoit au nord des Indes, et de revenir, pour ainsi dire, par les Indes ; comment il descendit le long des fleuves 2b pour n’être point arrêté à leur passage ; comment il songea à faire communiquer ses conquêtes avec ses conquêtes.

Ce projet du commerce des Indes qu’Alexandre