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l’Italie et les Pays-Bas, en 1728 et 1729, le recueil complet de ses Pensées, par ce qu’il nous révèle sur la genèse de ses idées et de ses œuvres, permet de le suivre, pendant une trentaine d’années, dans sa marche laborieuse à la découverte des vérités morales et politiques.

Nous espérons donc qu’on ne contestera point que nous apportons un livre vraiment nouveau au public qu’intéressent les choses de la littérature, de l’histoire et de la philosophie.

I

Montesquieu possédait une série de volumes in-40, solidement reliés et composés de feuilles toutes blanches primitivement. De l’un d’eux, il n’a utilisé que quelques pages, pour y consigner les corrections qu’il voulut, d’abord, introduire dans son traité sur la Grandeur des Romains. Mais les autres étaient appelés à lui rendre des services plus variés et plus durables.

Tantôt il y inscrivait lui-même et tantôt il y faisait inscrire des notes relatives à des faits curieux, ou des extraits de ses lectures, ou encore l’expression de ses idées personnelles, résumées en courtes formules ou plus ou moins longuement développées. Dans celui de ces registres qui nous semble être le plus ancien1, et qui est intitulé Spicilegium, on trouve surtout des notes; au besoin, des recettes médicales. C’est, au contraire, à

1. Certaines parties du Spicilegium nous paraissent être antérieures aux Lettres Persanes. Il commence, en effet, par des extraits « d’un gros recueil > que le père Desmolets avait prêté à Montesquieu. Or, parmi ces extraits, à la page 78, se trouve le suivant:

t Ferdinand, roi d’Aragon, assembloit les États d’Aragon et de Catalogne, quand il entreprenoit quelque guerre importante, et leur demandoit un don gratuit ou des subsides pendant le cours de la guerre. L’an i510, les États de ces deux provinces étant assemblés dans une