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261*(1850. III, f° io6v°). — Le Prince, qui fait des loix civiles, peut bien accorder des lettres de grâce, parce qu’il peut remettre l’exemple, et que la condamnation même est un exemple, et que les lettres de grâce sont de même un exemple. 5

262* (1837. III, f° 102). — Aristote censure les inégalités des richesses des femmes à Lacédémone, et il en accuse Lycurgue, qui avoit bien défendu à un citoyen de vendre son fonds ou d’acheter celui d’un autre, mais avoit permis de le laisser par tes- 10 tament.

Si cela étoit1, Lycurgue, qui avoit tant cherché à établir l’égalité, auroit contredit grossièrement ses loix, et il seroit bien extraordinaire qu’avec un principe pareil de corruption sa république eût ô subsisté si longtemps sans être corrompue, et qu’avec un tel principe d’inégalité les fortunes y eussent été si longtemps égales.

Il vaut mieux dire, avec Plutarque, que le principe de l’inégalité fut introduit par un des éphores. 20

263* (1735. III, f°52). — Qu’on examine bien le sort des grandes monarchies qui, après avoir étonné par leurs forces, ont étonné par leur foiblesse. C’est que, lorsque, dans la rapidité du pouvoir arbitraire

1. Je croirois plutôt ce que dit Plutarque (Vie d’Agis et de Cléomène), où ce fut un Épitadius qui fit passer cette loi. Aristote, qui écrivoit pour attaquer le système des loix de Lycurgue, ne put (sic) pas être regardé comme impartial. 11 avoit besoin de prouver que ces loix étoient mauvaises.