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XLVI
PRÉFACE


Il nous suffira, quant à nous, de décrire ici les manuscrits que nous publions, en cherchant à fixer autant que possible l'époque où furent rédigées les œuvres qu’ils nous ont conservées.

Si nous avions eu les éléments nécessaires pour dater les douze opuscules, nous les aurions rangés tous dans l'ordre chronologique. Mais ces éléments nous manquent. Aussi adoptons-nous un certain ordre des matières, ordre que nous allons suivre, sans prétendre à une rigueur absolue. De la littérature, nous passerons aux théories abstraites, et, des théories, aux considérations historiques et pratiques. On ne s’étonnera point, en lisant le Discours sur Cicéron, que cette œuvre de jeunesse soit placée au nombre et en tête des œuvres littéraires.

Les manuscrits dont nous disposons sont, les uns, de la main de Montesquieu, les autres, de la main de secrétaires ou de copistes. Nous les avons reproduits également mot pour mot. A peine nous sommes-nous permis de corriger ou d’intercaler dans le texte quelques particules omises ou défigurées par une distraction évidente de l’écrivain. L’important pour le lecteur est d’avoir du Montesquieu authentique. Nous aimons mieux, pour notre part, encourir le reproche de respect servile que celui d’outrecuidance.

Toutefois, quant à l’orthographe, souvent incorrecte et parfois fantasque, de nos manuscrits, nous n’avons pas cru devoir la conserver. Elle eût inutilement dérouté le public. Nous signalerons seulement que l’illustre président au Parlement de Bordeaux gasconnait en écrivant, comme en parlant. Il mettait, par exemple : hureux, au lieu de : heureux, ou : otter au lieu de : ôter. Au point de vue de ses habitudes de langage, le manuscrit des Remarques sur certaines Objections présente même un intérêt tout spécial. Le secrétaire auquel fut dicté ce travail (qui n’est qu’une sorte de monologue) semble avoir noté fidèlement les intonations de l'auteur. C’est ainsi qu’il écrit dès (avec un accent) et du pour de. Comme les phonographes modernes,