Page:Montesquieu - Mélanges inédits, 1892.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée
XXXIII
HISTOIRE DES MANUSCRITS


» solidement » (suivant son expression) à Joseph-Cyrille, afin que son retour en Angleterre ne pût nuire à ce dernier. Il partit ensuite, emportant quelques-uns des manuscrits de son grand-père à Bridge-Hall. Un passage d’une de ses lettres semble indiquer qu’il voulait en préparer la publication :

» J’aurois besoin, écrivait-il le 22 avril 1803, de la dernière édition des Œuvres de Montesquieu, pour rédiger, s’il est possible, quelques fragments que j’ai avec moi. Envoyez-moi cette nouvelle édition que vous avez. »

Joseph-Cyrille avait pour son cousin une vive affection ; il ne cessait de l’engager à revenir habiter La Brède. De son côté, Charles-Louis lui exprimait le plaisir qu’il aurait de se rendre à ses vœux, mais ajoutait dans sa lettre :

» J’ai de fortes raisons pour me tenir à l’écart. Je répondrai toujours de ma conduite. Mais qui peut me répondre de l’étourderie de quelqu’un de mes compagnons d’infortune ? Qui peut me répondre que je ne serai pas enveloppé dans une mesure générale, quoique certainement je fusse et eusse été le citoyen le plus paisible de la République française ? Une seule dénonciation suffit. Il suffit d’avoir un seul ennemi. Je connois trop le caractère inconsidéré de ceux qui sont rentrés pour compter sur la sagesse de tous, et je suis bien décidé à faire tout mon possible pour n’en être pas la victime. »

Il se décida à revenir en France, sous la première Restauration. Préoccupé de l’avenir du fils de Joseph-Cyrille, qu’il avait mis en pension en Angleterre,