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XXXII
INTRODUCTION


vain avait prévue dans sa sagesse, Servan n’était pas le seul admirateur de l'Esprit des Lois. En 1802, le 27 mai, le Gouvernement donnait à une rue de Paris le nom de Montesquieu. Les papiers inédits n’en restaient pas moins entre les mains des descendants de leur glorieux auteur.

La correspondance des deux petits-fils de Montesquieu atteste la noblesse des sentiments qui les animaient. L’un et l’autre firent assaut de délicatesse et de générosité. Charles-Louis, n’ayant point d’enfant, voulait laisser tous ses biens, de son vivant, à son cousin. Joseph-Cyrille le pressait, au contraire, de prendre possession de l’hérédité de J.-B. de Secondat. Mais Charles ne pouvait quitter définitivement l’Angleterre : sa femme l’y retenait, et la gestion des propriétés qu’il y possédait depuis son mariage ne lui permettait pas de s’occuper de l’administration de ses biens en France. Il décida donc que ces biens reviendraient aux petits-enfants de Josèphe-Denise, mais que les revenus seraient, de son vivant, partagés entre lui et Joseph-Cyrille, chargé d’administrer le tout.

Charles-Louis reconnaissait ainsi le dévouement de son cousin, qui avait pris soin de son père et de sa mère pendant les plus mauvais jours de la Révolution, et qui avait sauvé par ses démarches leur héritage, que leur fils émigré aurait perdu. Il obéissait, de plus, à un vœu de l’illustre aïeul dont le nom seul lui avait fait restituer son patrimoine.

Remis en possession de ses biens, le baron de Montesquieu profita de la paix pour les transmettre