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XXVI
INTRODUCTION

» On m’a dit qu’attaché à la mémoire de mon grand-père, vous aviez désiré d’user de l’influence que vous avez, pour faire rendre à son petit-fils l’héritage qui devoit naturellement lui revenir. Mais, décidé à ne rentrer en France qu’à la paix, je sens qu’il y a de grands obstacles à vaincre.

» Il existe en France un autre petit-fils de Montesquieu. Celui-ci n’a jamais quitté le territoire de la République. Il est digne, par sa probité et par ses vertus, du nom qu’il porte. Il a des enfans, et il s’en faut de beaucoup qu’il soit riche. Ne seroit-il pas possible de le mettre en possession, au moins provisoirement, de l’héritage de son grand- père, auquel il étoit appelé par les lois, ainsi que par le désir de ce grand homme, en cas que je mourusse sans enfans.

» Pourquoi le Premier Consul ne saisiroit-il pas une occasion unique de faire un acte de justice dont l’honneur rejailliroit en entier sur lui ? et pourquoi négligeroit-il d’ajouter à la renommée de ses victoires celle qu’une pareille action lui donneroit parmi tous les savans et tous les gens de lettres de l’Europe ?

» Adieu, mon cher Darcet, adressez, je vous prie, votre réponse à mon cousin, que j’aime comme mon frère, et ne doutez pas de l’amitié bien sincère que je conserverai toujours pour vous.

» MONTESQUIEU [1]. »
  1. I . Bibliothèque nationale : Nouvelles acquisitions françaises no 6203, f° 47. — Lettre communiquée par M. Paul Bonnefon, bibliothécaire à la Bibliothèque de l’Arsenal.