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MONTESQUIEU


RAISONS QU'ON A ALLÉGUÉES
POUR OBTENIR CETTE DÉFENSE ET RÉFUTATION
DESDITES RAISONS


Première Raison. — On a dit que le bois de feu, le bois pour les cuves et pressoirs, et le bois pour les s barriques, étoient très rares en Guyenne.

On répond que le bois à brûler n’y est pas plus cher que dans tous les autres pays où la facilité du transport le met dans le commerce.

L’article du bois pour cuves et pressoirs est un si petit objet qu’il ne vaut pas la peine d’en parler. Ces choses durent cent ans, et il ne s’achète pas pour trente mille livres de ce bois en Guyenne chaque année.

A l’égard du bois pour les futailles, on tire du dehors ce que le pays ne fournit pas. L’étranger paye en cette marchandise une très petite partie du vin qu’il prend. Ce bois étoit cher lorsque le bas prix du change et l’excessive hauteur des espèces l’exigeoit ainsi ; mais, en revanche, les vins se vendoient à proportion. Le prix de ce bois est tombé avec celui de toutes les autres marchandises.

Quoique l’avarice des particuliers les séduise toujours, il faut qu’ils se désabusent, dans la Guyenne, de l’espérance de vendre leurs denrées bien cher, et d’avoir celles des étrangers à bon marché, comme, dans les autres provinces, d’affermer les terres à un prix excessif, et d’en avoir les denrées à bon marché.