Que si la défense n’est que particulière pour la Guyenne, elle est encore pernicieuse.
En voici les principales raisons.
La Guyenne, comme nous avons dit, doit fournir à l’étranger différentes sortes de vins, dépendantes de la diversité de ses terroirs. Or le goût des étrangers varie continuellement, et à tel point qu’il n’y a pas une seule espèce de vin qui fût à la mode il y a vingt ans qui le soit encore aujourd’hui ; au lieu que les vins qui étoient pour lors au rebut sont à présent très estimés. Il faut donc suivre ce goût inconstant, planter ou arracher en conformité.
Secondement, dans une partie de la Guyenne, il faut arracher les vignes tous les trente-cinq ou quarante ans, et souvent mettre en blé ce qui étoit en vignes, et en vignes ce qui étoit en blé.
On conçoit aisément que tous ces changements ne peuvent pas être l’affaire d’un intendant. Outre que, presque toujours, il n’y entend rien, n’étant pas du pays, il ne peut pas faire tout cela lui-même. Il faudroit donc que les propriétaires tombassent entre les mains des gens qu’il proposeroit (sic). On en voit de loin les inconvénients.
Troisièmement, enfin, cette défense est pernicieuse en ce qu’elle est trop bornée : car, les autres provinces étant dans la liberté de planter, elles le font indifféremment, pendant que la Guyenne ne peut pas seulement planter ses terres incultes.