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MONTESQUIEU

La conséquence des deux premiers principes est qu’il ne faut pas défendre la plantation des vignes dans le royaume.

La conséquence des trois suivants est que, si on avoit dû défendre la plantation dans quelque province, ce n’étoit pas dans celle de Guyenne.

La conséquence du dernier est que, si on avoit dû défendre cette plantation dans la province de Guyenne, ce n’étoit pas dans la partie non cultivée, vulgairement appelée Landes ou Bruyères de Bordeaux.

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RAISONS PLUS PARTICULIÈRES
CONTRE CETTE DÉFENSE

Elle est inutile : parce que le propriétaire sait, beaucoup mieux que le Ministre, si ses vignes lui sont à charge, ou non ; il calcule bien exactement ; et, comme la manufacture des vignes demande beaucoup d’avances, de frais et de soins, pour peu qu’elles ne rendent point, il est porté naturellement à les arracher, et à convertir sa terre en une autre nature de revenu, moins incommode.

D’ailleurs, cette défense est pernicieuse : car, ou elle est générale pour tout le royaume, ou non. Si elle est générale, la France, fournissant de vin la partie du Nord de l’Europe, concurremment avec les pays de la partie du Midi, lesquels ont des vignobles comme elle, défendre de planter en France, c’est encourager les autres peuples à le faire.