Page:Montesquieu - Mélanges inédits, 1892.djvu/311

Cette page n’a pas encore été corrigée
245
MÉMOIRE SUR LES DETTES DE L’ÉTAT

étoit déjà trop forte pour pouvoir être payée facilement. Ainsi le Roi ne perdroit pas grand’chose de la part des taillables qui ne seroient pas en état de racheter.

Les gens de robe paieroient facilement ce rachat : le Roi prendroit leurs gages et augmentation de gages.

Les bourgeois des villes paieroient de bon cœur et négocieroient des effets, sur lesquels ils gagneroient cinquante pour cent.

Votre Altesse Royale entreroit, par là, dans l’idée qu’elle a de diminuer l’autorité des intendants, devant qui toutes les provinces sont prosternées.

Si l’on faisoit racheter le dixième, il faudroit nécessairement éteindre la capitation, qui a été rachetée en grande partie sous le règne du feu Roi ; car il seroit contre le bon sens de faire racheter le dixième au peuple, pendant qu’on lui feroit payer la capitation, qui auroit été rachetée.

Ce que je dis touchant l’établissement des nouveaux états dans les provinces paroîtra, d’abord, singulier et extraordinaire ; mais, si l’on examine le projet, on y trouvera mille avantages, dont le dernier ne seroit pas celui de rendre la régence inébranlable ; car tout le monde sera intéressé à soutenir votre ouvrage.

____________