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MÉMOIRE SUR LES DETTES DE L’ÉTAT

des trois quarts des impôts ; sans compter que Paris sortiroit de l’affreuse misère où il est. Les revenus augmenteroient par la consommation des denrées ; et la dépense des bourgeois diminueroit ; et, quant aux artisans, sur le pied que les journées sont à présent, deux jours de travail dans la semaine suffiroient pour les nourrir. Ainsi, on reverroit bientôt Paris refleurir et oublier les grosses pertes qu’il a faites.

Il faudroit, pour bien faire, rétablir les communautés, qui ne sont plus qu’une ombre ; car il n’y a plus d’homme d’honneur qui veuille avoir des charges municipales, tant elles sont tombées dans l’avilissement. Ou bien, il faudroit établir les états dans toutes les provinces. L’autorité du Roi n’en seroit point affoiblie ; car elle n’est pas moins grande dans les pays d’états que dans les pays des généralités.

La province d’Artois paie plus, à proportion, que les autres ; mais tout le monde y vit heureux et content. — Il en est de même des autres pays d’états.

Les états des provinces ne doivent point être suspects au Gouvernement ; puisqu’on n’y traite jamais des affaires générales.

Le Roi n’a, ni ne peut plus avoir de crédit ; mais les états en auroient et trouveroient à emprunter facilement.

Il faudroit, dans ce système, maintenir les billets d’État à cinquante pour cent de perte ; ce qui seroit facile, car on les feroit tomber ou hausser à mesure qu’on en chargeroit ou déchargeroit le commerce.