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MONTESQUIEU

Je suppose, à présent, que le Roi ordonne aux provinces et aux villes le rachat des gabelles, avec la faculté de faire leurs paiements en effets royaux ; et qu’il leur permette d’emprunter somme suffisante pour acquérir lesdits effets, afin de faire leur paiement. Avec cent millions qu’ils (sic) emprunteront — ce qu’ils pourront faire en s’obligeant annuellement de cinq millions (je suppose que les contrats soient encore au denier vingt) — ils acquerront pour deux cents millions d’effets royaux, et déchargeront le Roi de dix millions de rente, et se déchargeront eux-mêmes réellement de onze millions, puisqu’au lieu de seize ils n’en paieront plus que cinq.

Pour payer les rentes sur l’Hôtel-de-Ville de Paris, on a été obligé de charger de droits exorbitants toutes les denrées qui entrent et qui sortent. Je suppose que tous ces droits montent à quatre millions, plus ou moins, qui servent à acquitter quatre millions aussi de rente. Je suppose à présent que le Roi réduisît tous ces droits au quart. On peut dire que, comme la consommation doubleroit, le produit du quart de ces impôts doubleroit aussi et donneroit deux millions, quoiqu’il n’en donnât qu’un auparavant.

Je suppose, à présent, que l’on fît une assemblée de notables de Paris, qui empruntât quarante millions, dont ces deux millions font l’intérêt. Avec ces quarante millions, on achèteroit du papier à cinquante pour cent de perte, et on éteindroit pour quatre millions de rente sur l’Hôtel-de-Ville. Les rentes seroient donc payées, et le peuple déchargé