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MONTESQUIEU

noit sous la caution du Clergé, des états, des villes et des communautés.

Il faudroit donc réduire au denier vingt-cinq toutes les rentes dont le Clergé, les états, les villes et les communautés sont chargées, et les obliger, en s même temps, de payer, au nom et à la place du Roi, des rentes sur l’Hôtel-de-Ville, à proportion du soulagement qu’ils tireroient de la réduction des leurs.

On ne feroit point d’injustice à ces rentiers par la réduction, puisque leur condition ne seroit pas plus mauvaise que celle des rentiers du Roi.

Mais, d’ailleurs, elle seroit meilleure que celle des possesseurs des fonds de terre, dont le revenu est souvent absorbé par les tailles, et les denrées sujettes à des droits d’aides si considérables.

Leur condition seroit encore meilleure que celle de ceux qui, ayant mis leur argent dans le commerce, ont essuyé tant de banqueroutes.

Et, quand on ne tireroit de cette nouvelle réduction que l’avantage de soulager les villes de plusieurs impôts très onéreux, qui ont été établis pour payer le grand nombre de dettes dont elles étoient chargées, ce seroit encore beaucoup.

Quand le Roi auroit réduit ses dettes, il lui seroit facile de les éteindre tout à fait par la voie du rachat.

Les effets royaux perdent cinquante pour cent. Mais, comme il seroit difficile de guérir ce mal, il faut chercher à en tirer un avantage réel pour l’État.

Si le Roi avoît de l’argent, il s’acquitteroit très