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MÉMOIRE SUR LES DETTES DE L’ÉTAT

bien restant, qui vaudront plus, les dédommageront de cette perte avec usure. Mais il est aussi de l’intérêt de ceux qui ont les trois quarts de leur bien sur le Roi que la réduction ne soit que d’un quart ; parce que, si elle étoit plus forte, ils seroient absolument ruinés : le quart des biens libres n’étant pas suffisant pour les dédommager.

Personne ne perdra, si chacun perd proportionnellement. Quelle gloire pour Votre Altesse Royale de pouvoir dire, le dernier jour de la régence, qu’elle a rétabli les affaires désespérées, sans avoir ruiné une seule famille !

L’État se trouvant soulagé par cette réduction, la recette excédera de beaucoup la dépense ; et, si cela est une fois, que ne peut-on pas espérer du Ministère, qui est fondé sur l’épargne et l’économie ?

Il sera facile de trouver de nouveaux moyens pour continuer à libérer le Roi de plus en plus.

En 1714, le feu Roi réduisit tous les contrats sur l’Hôtel-de-Ville au denier vingt-cinq ; et, sous votre Régence, on en a fait de même de tous les autres contrats royaux, de quelque nature qu’ils fussent.

Ces dispositions étoient très sages, et il ne leur manquoit rien qu’un peu plus d’étendue.

Le Clergé est chargé de beaucoup de dettes ; les états des provinces, les villes et les communautés ne le sont pas moins.

Ces dettes sont proprement les dettes du Roi ; puisqu’elles n’ont été contractées que pour lui. Le Roi étoit, en quelque façon, l’emprunteur qui pre-