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XXII
INTRODUCTION


Louis XVIII, et son frère Honorat, avaient reçu le précieux dépôt, qu’ils ne devaient remettre qu’entre les mains du baron de Montesquieu. Ils ne pouvaient donc en disposer sans son autorisation. Mais le futur ministre pensait que ces papiers devaient être publiés un jour. Il avait même, en écrivant à l’ancien avocat général Servan, parlé des manuscrits inédits, et excité l’enthousiasme du magistrat, qui lui répondait aussitôt :

« Daignez, Monsieur, me servir d’interprète auprès de cette famille respectable, et veuillez présenter aux descendans de Montesquieu, de la part d’un homme obscur, mais vrai, les hommages qu’on prodigue ordinairement à la puissance, et que je ne crois dus qu’à la bienfaisance et au génie.

» Ce que vous m’apprenez, Monsieur, des malheurs de cette illustre famille augmente mon horreur pour l’injustice et la barbarie de ses persécuteurs. Sommes-nous donc dans le XVIIIe ? et qu’auroient fait de plus les Goths et les Vandales ? Ah ! sans doute, les maisons habitées par Montesquieu, les forêts où il a recueilli ses idées, sont des propriétés nationales ! Mais, c’est pour les protéger, c’est pour les conserver, au nom de la Nation, aux enfans de ce grand homme. »

L’ancien avocat général Servan, qui connaissait depuis longtemps l'Esprit des Lois, en admirait, après la Révolution, la profondeur et la force, mieux qu’il n’avait su le faire antérieurement.

« Je vous l’avouerai. Monsieur, écrit-il à Lainé, (car votre lettre m’inspire une vraie confiance) je