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MÉMOIRE SUR LA CONSTITUTION

avoir aucune influence, parce que, s’ils ont l’esprit du monde, ils ne sont pas en état de gouverner sa conscience, et que, s’ils n’ont pas cet esprit, ils sont encore moins en état de gouverner ses affaires.

Un des moyens qu’on pourroit peut-être employer seroit celui-ci : c’est que, la Constitution étant reçue en France, le Roi fît une déclaration qui porteroit que la Constitution est reçue en France et par tous les sujets du royaume, et qu’ainsi toutes les disputes ont dû cesser ; défense de disputer sur la qualification de la Constitution, et de soulever aucune dispute sur elle, jusques à ce qu’il ait plu au Pape de donner lui-même les qualifications ; et se bien donner de garde de les lui demander, de peur que cela ne renouvelle les disputes. La peine sera d’être traité comme perturbateur du repos public.

Une déclaration pareille fera nécessairement tomber les disputes, non pas en les ôtant, mais en les suspendant, et en renvoyant leur décision à un temps où, les esprits étant refroidis et les cœurs ayant changé de passions, personne ne se souciera plus qu’elles soient décidées.

2° Tout sera réduit à des faits qui appartiendront nécessairement à la police extérieure. — Un malade dira-t-il qu’il ne reçoit pas la Constitution ? Le voilà, par la loi, perturbateur du repos public. — Un curé interrogera-t-il un malade, s’il reçoit la Constitution ? Le voilà déclaré perturbateur du repos public ; — et même quelquefois tous les deux.

Mais quelle que soit la résolution qu’on prenne, il faut qu’elle soit pour toujours, et prendre garde à