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MONTESQUIEU

C’est ce que je dois examiner.

Je ne sais point ce que le critique veut dire, que la loi Voconienne fut entièrement abolie par l’édit du Préteur[1], qui, selon Varron, fut rendu perpétuel l’an de Rome 686. Je ne sais point ce qu’il veut dire avec cet édit perpétuel. La loi Voconienne ne fut point abolie par lui, puisqu’elle subsista si longtemps après.

Il cite, pour ce changement, les Institutes du (sic) Justinien, De legitima Agnatorum Successione, § 3, qui, me semble, ne dit point cela. Il faut le voir et voir le chapitre De Origine Juris, au Digeste, et il me paroît que le critique n’a pas l’idée bien claire de ces choses. Du temps de la République, chaque préteur donnoit un édit, par lequel il déclaroit quelle seroit sa manière de décider sur les diverses questions de droit pendant sa magistrature, et cet édit étoit nommé perpétuel parce qu’il devoit durer tout le temps de la magistrature, c’est-à-dire un an ; car le préteur s’étoit, pour ainsi dire, lié lui-même, et s’étoit engagé à juger, pendant tout le temps de sa magistrature, conformément à son édit perpétuel. Il est vrai que, dans la suite, on fit des recueils de tous ces édits perpétuels. Mais cela n’a aucun rapport à l’abolissement de la loi Voconienne.

Le critique cite Perizonius[2], dans sa dissertation sur la loi Voconienne, que Graevius a abrégée dans l’oraison contre Verres ci-dessus citée.

Il faudra voir Perizonius ; le critique dit qu’il a été plus loin que lui.

  1. [Au-dessous : ] sur.
  2. Daventriæ, 1679.