Page:Montesquieu - Mélanges inédits, 1892.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée
218
MONTESQUIEU

censeurs fut interrompu pendant seize ans, comme ça fut dans le temps de Cicéron[1] ; lorsque les enrôlements ne prouvèrent pas qu’un homme fût un citoyen, la loi devint hors d’usage, et l’édit perpétuel du Préteur, qui fut fait tel l’an 686 de Rome, comme dit Varron, l’abolit entièrement. »

Je ne sais comment l’auteur peut dire que la loi Voconienne étoit hors d’usage dans le temps de Cicéron, et qu’en 686 elle fut entièrement abolie par l’édit perpétuel du Préteur, puisqu’il paroît, même au lieu cité, qu’Auguste délivra certaines femmes des liens de la loi Voconienne, et que j’ai fait voir, dans le chapitre dont il est ici question, tous les degrés par lesquels on parvint à abolir la loi Voconienne ; ce qui ne fut fait que plusieurs siècles après.

Après avoir réfléchi sur cette loi, je dirai qu’il paroît, par Cicéron contre Verres, que tous ceux qui étoient dans le cens, qui census esset, à chaque lustre fait par les censeurs, ne pouvoient faire une femme ni une fille héritière.

Que veulent dire ces mots qui census esset ? — L’objet de la loi même nous l’expliquera.

On sait que Servius Tullius divisa le peuple en six classes ; qu’il mit dans les cinq premières ceux qui avoient des moyens, et rangea dans la dernière ceux qui étoient sans fortune, et qui n’avoient pas…

Cette dernière classe fut la plus nombreuse ; mais elle n’avoit qu’une centurie, et elle n’étoit presque jamais appelée, comme je l’ai expliqué dans mes Romains. Cette dernière classe étoit faite plutôt pour

  1. Voyez Asconius, In Cœcilium Divinatio, chapitre iii.