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MONTESQUIEU

nius (dit-il) offre deux interprétations : l’une, celle que le critique vient de donner ; l’autre, inconsistante avec lui-même et avec la raison ; laquelle (dit-il) je, après d’autres savants, mal à propos adoptai (sic).

Cette interprétation d’Asconius est inconsistante avec elle-même, parce qu’elle suppose que ceux qui sont mentionnés dans la loi Voconienne, qui avoient cent mille sesterces, étoient les mêmes que ceux qui étoient dans le premier cens sous Servius Tullius, c’est-à-dire, de cent mille as ; ce qui est une somme, qui, du temps que la loi Voconienne fut faite, c’est-à-dire l’an de Rome (Varron) 585, ne monteroit seulement qu’à 40 mille sesterces.

Elle est fausse à plusieurs égards : — 1° Elle est contraire au sens clair et déterminé de Dion sur cette loi. — 2° Elle suppose que cent mille sesterces étoient suffisantes (sic) pour élever un homme à la première classe, dans un temps où elles étoient à peine suffisantes pour le placer à la dernière. La même année où cette loi fut passée, il fut ordonné que les citoyens qui ne possédoient des terres dans la campagne de la valeur de mille sesterces, outre de l’argent et des biens dans la Ville, ne seroient jugés d’être (sic) de nulle importance dans le cens, selon Tite Live (XLV, xv). Dans l’année suivante, L. Paulus, père de Scipio Æmilien, est dit être mort peu riche[1], quoiqu’il laissât au-dessus [de] 60 talents ou, comme dit Plutarque, 37 myriades des (sic)

  1. Polybe, pages 1427, 1454, 8°. — Plutarque, In Vita [P. Æmilii, page 276, c].