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XX
INTRODUCTION


seroit donc que Didot ne les publiât qu’après un choix fait de main sûre, celle de Garat par exemple, l’homme de l’Europe, peut-être, qui a le plus médité Montesquieu.

» Ma femme, très sensible à votre souvenir, me charge de vous exprimer ses regrets de n’être point à portée de jouir quelquefois de la société d’un savant aussi aimable (c’est son expression) et aussi communicatif que vous l’êtes. Tous deux nous vous prions de faire des complimens aux citoyen et citoyenne Lebreton. Joie et santé à vous tous.

» Comme vous devinez qui vous écrit, vous lui pardonnerez de ne point signer. L’important étoit la réponse. Nous sommes à la campagne, multas ob causas, dont la principale est de ne point mourir de faim. Le quintal de farine vaut 900 livres. Ici, du moins, nous avons du bled, du vin, du bois, des œufs et du lait, et, avec cela, on peut regretter moins l’azote et l’hydrogène de vos grandes villes.

» J’oubliois de dire qu’il existe encore parmi les manuscrits beaucoup de fragmens épars de cette précieuse et malheureuse Histoire de Louis XI, dont Montesquieu brûla le brouillon, et son imbécille de secrétaire Damours, la copie au net. »

Presque au moment où Latapie écrivait cette lettre, la fille de Montesquieu, Marie-Josèphe-Denise, remerciait le libraire-éditeur Plassan de la nouvelle édition des œuvres de son père dont il annonçait l’apparition, et à laquelle elle s’empressa de souscrire.

Le 1er octobre 1795, Plassan lui répondit, en lui