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MONTESQUIEU

de Plaute, qui vivoit dans la seconde guerre punique, l’as ne valoit plus une once du (sic) cuivre, et qu’il ne seroit pas probable que Plaute eût parlé d’autres as que de ceux de son temps, et qu’ainsi j’ai eu tort de conclure de ce passage que la paye du soldat romain, dans la première guerre punique, étoit de six onces de cuivre.

Mais le discours de Plaute n’est qu’une façon de parler proverbiale, qui ne pouvoit changer tous les jours. (Il faut voir le passage, que j’ai oublié.) De plus, il est visible que, quoique la République fît frapper des as d’une once, ce ne fut point pour les soldats ; comme il paroît par Polybe, qui dit que la paye, dans la seconde guerre punique, étoit de cinq onces du (sic) cuivre. L’auteur ajoute que Plautus prend toujours le nummus pour le stater, et qu’ainsi je ne puis rien conclure de ce passage de Plaute. Je réponds qu’il lui seroit très difficile de prouver que Plaute prenne toujours le nummus pour le stater. Et, si cela étoit, mes raisonnements seroient encore plus forts, puisque la paye de la première guerre punique auroit été encore plus forte. De tout ceci, le critique conclut qu’on ne peut rien fixer sur le passage de Plaute. Je réponds que je ne sais pas pourquoi on n’en peut rien conclure. Mais, ce que je sais, c’est que Plaute ne parle pas d’as d’une once du (sic) cuivre, parce qu’il n’entre point dans l’esprit que les Romains, dans les calamités de la seconde guerre punique, eussent augmenté la paye de trois onces à cinq. ……………………………………………